Vit et travaille à Paris, France.

Études :

Chinois, Université de Shida, Taipei, Taiwan.
Scénographie, Ecole Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre (ENSATT), Paris, France.
Photographie, Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs (ENSAD), Paris, France.

Différentes parutions et productions (illustration, mode, pub) pour:

Libération, Le Monde, The New-York Times, Télérama, Psychologies Magazine, Les Échos Weekend..
Dépêche Mode, 20 ans, Jalouse, Vogue Gioiello, Vogue Pelle, Oyster, Stiletto, Stile, Glamour..
BNP-Paribas, Peugeot, Canal+, Thalys, Repetto, Orange, Maison Cailler, AXA, La Poste..

Un autre versant de mon travail, plus spécifiquement photographique, est visible sur ce site : verso.carolinedelmotte.com

Expositions:

  • Ouvert dedans, Espace Nature, Les Salins, Hyères.
  • Le Labyrinte de Versailles : Du mythe au jeu, Bibliothèque Municipale de Versailles, Versailles.
  • Étoiles Noires, Galerie de l’hôtel Elysées-Mermoz, Paris.
  • Summertime, Galerie Basia Embiricos, Paris.
  • Beauty By, Modern Art Museum Duolong, Shanghai.
    –  Beauty  Galerie des Galeries, Galeries Lafayette, Paris.
  • Festival de Cannes pour Libération, Cinéma des Cinéastes, Paris.
  • Festival International de Mode et de Photographie, Hyères.

Photographier le paysage

En bonne claustrophobe, j’ai choisi de travailler sur l’espace en l’enfermant, d’abord dans le cadre du théâtre, par des études de scénographie, puis dans le cadre photographique.

Mon intérêt pour le paysage doit dater de la première fois où j’ai entendu l’expression « paysage intérieur » (encore un espace clôt), qui sonnait comme un oxymore à mon oreille et m’a tout de suite questionnée. Un paysage, c’était plutôt l’extérieur, dehors, le monde, infini, qui commençait au pas de la porte. Tout à coup, les limites n’étaient plus placées au même endroit, elles devenaient moins nettes, comme si une brèche s’était ouverte entre le dedans et le dehors.

La photographie de paysage rapproche ce qui loin, fait entrer le dehors dedans, rend mouvant ce qui parait immuable. Elle laisse la place à l’imaginaire du spectateur, à sa sensibilité, à ses émotions, tout en mobilisant son vécu, afin de stimuler son questionnement, son positionnement.

C’est certainement une des raisons pour lesquelles je me suis tournée vers la photographie : le cadre délimite, enclot, permet d’appréhender le monde, par un bout, d’en saisir les règles, les structures, les mouvements.

Tout comme la clôture du jardin l’extrait du paysage qui l’entoure.

D’ailleurs, on construit certainement son cadre comme un jardin : en y mettant beaucoup d’intentions, de volonté, de travail et en acceptant ce qui se présente.

Je vois aussi les images, comme les paysages, faites de strates que l’on sait, ou imagine, être sous la surface. Ce que l’on regarde pénètre en nous à travers nos propres strates, et en l’occurrence, entre en résonance avec notre paysage intérieur, justement, celui qui repose en nous et sur lequel nous nous posons.

Ce qui est intéressant dans la pratique de la photographie, c’est de jouer avec ces strates comme on explore différents registres avec un instrument.

Ainsi chaque projet a son rythme et sa tonalité, certains sont plutôt esthétiques, poétique ou intime, d’autres plus réfléchis, militants. (et bien sûr, parfois, plusieurs choses à la fois…)

C’est en faisant des recherches pour un projet sur « le jardin », j’ai lu, il y a quelques années, « La leçon inaugurale au Collège de France » de Gilles Clément (2011), lecture qui a été particulièrement éclairante et déterminante.

Gilles Clément y propose, entre autres, cette définition du paysage :

 » Paysage, selon moi, désigne ce qui se trouve sous l’étendue de notre regard (…). À la question « qu’est-ce que le paysage? » nous pouvons répondre : ce que nous gardons en mémoire après avoir cessé de regarder; ce que nous gardons en mémoire après avoir cessé d’exercer nos sens au sein d’un espace investi par le corps ».

Et de poursuivre, un peu plus loin :

« …le paysage apparait comme essentiellement subjectif. Il est lu à travers un filtre puissant composé d’un vécu personnel et d’une armure culturelle. (…) En théorie, il y a donc autant de paysages à propos d’un site, qu’il y a d’individus pour l’interpréter. Il existe, en réalité, des situations de partage,  (…) . Mais nul ne saura jamais quelle émotion intime anime chaque individu (…). Telle est la face irrémédiablement cachée du paysage. »

En lisant ces lignes, j’ai tout de suite vu une correspondance entre cette expérience du paysage et mon expérience de la photographie, les deux présentant des composantes communes, pas forcément dans la même temporalité, la photographie pouvant s’envisager comme une continuité de l’expérience vécue du paysage, un prolongement dans le partage de cette « émotion intime  » si fugace et mystérieuse.